TERMES DE REFERENCE
Pays | Guinée (Conakry) |
Periode | juin 2022 |
budget | DE 2200 à 4050 euros |
Date limite candidature | 22 Mai 2022 |
Soumission des candidatures | Les candidatures complètes doivent être envoyées par courrier électronique aux adresses suivantes : [email protected] et [email protected] avec la mention dans l’objet « Candidature pour la formation en techniques de plaidoyer » |
Sommaire
1 Présentation de Solthis 2
2 Presentation du projet 2
2.1 Résumé du projet – PAJES 2
2.2 Objectifs du projet 3
2.3 Résultats visés et principales activités 3
2.4 Partenaires du projet et bénéficiaires 3
2.4.1 Les partenaires du projet 3
2.4.2 Les bénéficiaires 3
2.5 Chronogramme projet 4
3 Objectifs de la consultance 5
3.1 Contexte de la consultance 5
3.2 Objectif attendu de la consultance 5
Livrables attendus 6
4 Organisation de la consultance 6
5 Comment candidater 7
5.1 Compétences et expériences 7
5.2 Soumission des offres 7
5.3 Processus de soummission 7
6 Selection 8
6.1 Critères 8
6.2 Procédure 8
7 ANNEXE 9
7.1 Contexte du projet 9
1 Présentation de Solthis
Solthis (Solidarité thérapeutique et Initiatives pour la Santé) est une ONG internationale dont l’objectif est d’améliorer la prévention et l’accès à des soins de qualité par le renforcement des systèmes de santé dans les pays où elle intervient.
Solthis a été créée en 2003 par des médecins chercheurs et chercheuses de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Les actions de Solthis s’appuient sur une approche de développement durable pour répondre aux enjeux de santé publique dans les pays à ressources limitées, à travers :
- Une approche scientifique et empirique pour trouver des solutions rentables et adaptées aux réalités du terrain.
- La mobilisation d’experts pluridisciplinaires des pays du Nord et du Sud afin d’aborder toutes les dimensions des questions de santé : médicales, sociales, économiques ou politique
Solthis est fortement engagée dans le principe de non-substitution et intervient actuellement dans 6 pays d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Sierra Leone) à travers trois modes d’intervention : le renforcement des capacités, la recherche opérationnelle et le plaidoy
Solthis intervient en Guinée depuis 2008, en partenariat avec le Ministère de la Santé, pour améliorer l’accès (décentralisation) et la qualité de la prise en charge dans le pays.
2 Presentation du projet
2.1 Résumé du projet – PAJES
Le projet vise à améliorer la promotion des DSSR en Guinée par une double stratégie de plaidoyer par et pour les jeunes, et de sensibilisation via les canaux dématérialisés, particulièrement investis par le public cible. Le projet porte une attention spécifique à promouvoir la parole et porter un plaidoyer tout particulièrement en faveur des jeunes femmes, mais aussi des jeunes populations clés.
En synergie avec les projets déjà existants et notamment en complément des subventions du Fonds mondial, le projet intervient sur les volets suivants :
- Améliorer l’accès à l’information en matière de SSR sur les canaux dématérialisés, et plus particulièrement sur la thématique « violences basées sur le genre » ;
- Faciliter la montée en puissance d’un plaidoyer interassociatif en faveur des DSSR des jeunes, en favorisant le leadership des jeunes eux.elles-mêmes ;
- Participer au renforcement organisationnel et technique des bureaux de deux partenaires de la société civile, et des équipes de leurs associations membres spécialisées sur le public jeunes entre 15 et 24 ans.
La stratégie du projet repose ainsi sur une approche de renforcement de capacités en cascade au plus près des besoins des acteur.rice.s visant à la fois au développement de l’empowerment individuel des jeunes et l’empowerment organisationnel de deux réseaux guinéens par un accompagnement en continu.
Cette stratégie ciblant l’empowerment intègre une démarche fortement participative ancrée dans :
- La mise en œuvre de méthodologies d’ateliers, de formations et d’activités sensibles ou transformatives du point de vue du genre.
- La mise en œuvre d’une méthodologie favorisant une position réflexive notamment sur les thématiques spécifiques des violences basées sur le genre et des grossesses non désirées qui nécessitent des déconstructions et co-constructions de terminologie préalable afin de développer des messages de plaidoyer ou de sensibilisation de qualité et adaptés.
2.2 Objectifs du projet PAJES
Objectif général : Contribuer à l’amélioration des droits et santé sexuels et reproductifs des jeunes en Guinée, notamment des jeunes filles
Objectif spécifique : Renforcer le pouvoir d’agir de deux réseaux de la société civile guinéenne pour accroître l’impact de leurs actions en matière de DSSR
2.3 Résultats visés et principales activités
Résultat attendu 1 : Les capacités des organisations partenaires sont renforcées en matière de formation, d’animation et de plaidoyer en faveur des DSSR des jeunes
La logique d’intervention se fonde sur une approche de renforcement de capacités en cascade au plus près des besoins des acteur.rice.s visant à la fois au développement de l’empowerment individuel des jeunes et de l’empowerment organisationnel de deux réseaux par un accompagnement en continu. C’est dans cette logique de renforcement de capacités que s’inscrit la présente consultance sur la réalisation d’une formation en plaidoyer.
Résultat attendu 2 : Les organisations partenaires et leurs membres mettent en œuvre des activités de promotion des DSSR selon une démarche participative.
Sur le second axe d’intervention, le projet prévoit d’améliorer les activités de promotion de la DSSR à destination des jeunes par le biais du développement d’outils numériques (application d’information sur les DSSR) et de contenus de communication digitale et de sensibilisation. En parallèle, le projet cherche également à améliorer l’impact des activités de plaidoyer pour influencer l’environnement en matière de DSSR des jeunes. Ce volet du projet permettra d’influencer positivement l’environnement national et local en matière de DSSR. La présente consultance devra pouvoir ainsi intégrer des éléments type cas pratiques qui pourront aider ultérieurement les jeunes dans la réalisation de leurs activités de plaidoyer.
2.4 Partenaires du projet et bénéficiaires
2.4.1 Les partenaires du projet
Les partenaires clés du projet sont :
- Le Ministère de la santé, en particulier la Direction Nationale de la Santé Familiale et de la Nutrition – DNSFN – et le Programme National de Lutte contre le VIH/SIDA et les Hépatites – PNLSH ;
- L’association des blogueurs de Guinée – Ablogui – qui, par la plateforme Génération Qui Ose a mis en place une véritable communauté de jeunes porteur.euse.s d’initiatives sur la SSRAJ ;
- La Coalition des Organisations de la Société Civile pour le repositionnement de la Planification Familiale – CNOSC SR/PF-GUINEE – a pour vocation principale de développer des activités de plaidoyer et de renforcer les capacités de ses adhérents en DSSR, éducation complète à la sexualité et repositionnement de la planification familiale.
Ce sont les membres des deux partenaires de la société civile, Ablogui et la CNOSC SR/PF qui sont concernés par la présente consultance en matière de formation plaidoyer.
2.4.2 Les bénéficiaires
Le présent projet s’inscrit dans une logique de partenariat et de renforcement de capacités en cascade. Aussi les bénéficiaires directs se déclinent-ils sur trois niveaux :
- Les membres des bureaux des deux réseaux Ablogui et Coalition qui bénéficient d’activités de renforcement de leurs capacités organisationnelles, techniques et matérielles ;
- Les membres des 43 associations constitutives du réseau Coalition, et plus spécifiquement les membres des 26 OSC jeunes comme le Réseau des Jeunes Ambassadeurs, les Jeunes Filles Leaders de Guinée ou AFRIYAN, ainsi que les jeunes membres du réseau Ablogui et de la communauté Génération qui Ose
2.5 Chronogramme projet
Le projet s’étend de juin 2021 à mai 2024 soit trois (03) ans.
3 Objectifs de la consultance
3.1 Contexte de la consultance
Le contexte guinéen se caractérise par la faiblesse du cadre juridique en matière de défense des DSSR des jeunes, et en particulier des femmes, et notamment la faible application des textes réglementaires existant au niveau national comme local. Face à̀ cette situation, il est essentiel que les acteur.rice.s de la société civile puissent influencer l’environnement en matière de DSSR des adolescents et des jeunes et jouer un rôle de veille et d’alerte face aux décideurs.
Les OSC et réseaux d’OSC ont un rôle essentiel à jouer pour :
- Faire émerger la voix de jeunes leaders pour participer à la définition de politiques publiques nationales et locales intégrant les besoins spécifiques des jeunes et notamment des jeunes femmes ;
- Accroitre la redevabilité des autorités vis-à-vis de leurs engagements internationaux en matière des droits à la santé sexuelle et reproductive (DSSR) ;
- Mener des actions d’éducation complète à la SSR et de mobilisation sociale et politique au niveau des communautés pour améliorer l’accès effectif des jeunes à des services de SSR de qualité et contribuer à rééquilibrer les rapports de force en matière d’égalité hommes-femmes.
C’est dans ce contexte que le projet PAJES vise à améliorer l’impact des activités de plaidoyer des OSC locales partenaires pour influencer l’environnement national en matière de DSSR des jeunes.
La vocation principale de la Coalition est de développer des activités de plaidoyer et de renforcement de capacités des OSC adhérentes. Leurs interventions sont essentiellement axées sur du plaidoyer au niveau national et local dans les domaines suivants : les droits en santé sexuelle et reproductive ; l’éducation complète à la sexualité ; le repositionnement de la Planification familiale ; et le renforcement de capacité des OSC/PF membres de la Coalition. Son action est complémentaire avec celle d’Ablogui, qui par le biais du développement d’outils numériques et de contenus de communication digitale, améliore l’accessibilité des campagnes de plaidoyer visant les problématiques jeunes pour toucher efficacement le plus grand nombre.
Les formations et l’accompagnement continu dispensés dans le cadre du projet PAJES visent à renforcer les capacités organisationnelles et techniques des OSC partenaires et de leurs membres, et de mieux les « outiller », en vue de faciliter la réalisation des activités contenues dans le projet, notamment de définition, de conduite et d’évaluation des actions de plaidoyer et de promotion des DSSR des jeunes femmes. C’est dans ce dispositif que s’inscrit la présente consultance.
3.2 Objectif attendu de la consultance
L’objectif général de la formation est de développer les connaissances de jeunes points focaux sur les techniques de plaidoyer en lien avec les DSSR avec un focus particulier sur les violences basées sur le genre et les grossesses non désirées.
Les objectifs spécifiques seront :
- Améliorer les connaissances et les compétences des membres en matière de plaidoyer, notamment en techniques de plaidoyer, en vue de mettre en œuvre les activités de plaidoyer ;
- S’assurer de la capacité des participants à sensibiliser et à transférer les compétences apprises aux autres membres.
Compétences attendues :
- Comprendre et savoir définir ce que recouvre le plaidoyer ;
- Savoir identifier les principales techniques de plaidoyer ;
- Mettre en œuvre certaines techniques de plaidoyer dans le champ de la DSSR.
Le modules de formation devra ainsi inclure :
- Les étapes d’une action de plaidoyer :
- Bref rappel sur les premières étapes : l’analyse du problème, la définition des objectifs de changements, l’analyse des parties prenantes et du pouvoir ;
- Module approfondi sur les étapes suivantes : définition des cibles et alliés, définition de messages, définition de tactiques / postures, suivi et évaluation de l’action de plaidoyer ;
- Les différentes techniques, outils & activités de plaidoyer (expertise ; lobbying ; médias ; mobilisation) d’un point de vue théorique avec des exercices qui devront privilégier des études de cas en lien avec les problématiques de la SSR ;
La formation devra être contextualisée, tant en matière de défis rencontrés que de DSSR, et devra notamment prendre en compte la législation en DSSR en Guinée.
Vingt (20) participants sont prévus pour cette formation, la moitié sera des membres actifs d’Ablogui et la seconde moitié sera issue de la Coalition ; au moins la moitié des participants sera des femmes. Certains d’entre eux auront reçu une formation antérieure sur le plaidoyer, notamment une introduction générale et une étude de cas concernant la gratuité des contraceptifs. La formation durera 3 jours.
En mai 2023, une session identique de formation sur le plaidoyer aura lieu.
Les modalités retenues devront permettre, par ordre de priorité :
- Mise en situation et cas pratiques ;
- Apports de connaissances théoriques sur ce que sont les techniques de plaidoyer ;
- Apports de connaissances théoriques sur ce qu’est le plaidoyer.
Une approche participative sera privilégiée en alternant des présentations théoriques, des ateliers de travail en groupes et en plénière, et toute autre technique jugée pertinente.
Un questionnaire d’évaluation des connaissances devra être proposé en amont et à la fin de la formation.
Livrables attendus
Les livrables attendus sont les suivants :
- Au démarrage, il sera demandé au(x) consultant(s) de soumettre un rapport de démarrage de 8 pages maximum, qui pourrait être une version actualisée de la proposition technique soumise lors du processus de candidature. Il comprendra les discussions initiales de cadrage de la mission et visera à assurer une compréhension mutuelle des objectifs, du plan d’actions et du calendrier de réalisation.
- Au début de la mission, il sera demandé au(x) consultants(s) de produire un module de formation à proposer à Solthis, qui pourra éventuellement demander au(x) consultant(s) de faire des modifications.
- A la fin de la consultance, il sera demandé au(x) consultant(s) de soumettre :
- Un bref rapport de formation
- Les tests pré/post formation
*** Les rapports seront revus par Solthis et feront probablement l’objet d’une ou deux séries de modifications avant d’être considérés comme définitifs.
4 Organisation de la consultance
La consultance est prévue pour le mois de juin et comprend une mission de 8 jours dont au moins 4 jours ouvrables à Conakry, en Guinée.
- Réunion de cadrage avec l’équipe projet
- Journées de préparation
- Formation des OSC (3 jours)
- Restitution et rapport
5 Comment candidater
5.1 Compétences et expériences
Cette consultance sera réalisée par un·e expert·e / groupe d’expert·e·s ayant les compétences, l’expérience et les qualités suivantes :
- Expérience obligatoire dans le domaine des campagnes de plaidoyer portées par la société civile et dans la sensibilisation/formation à ces techniques auprès d’acteurs aux profils variés.
- Formation en sciences sociales, sciences politiques, promotion de la santé, santé publique.
- Expérience dans l’élaboration de modules de formation.
- Intérêt souhaité pour les démarches participatives et les méthodes de pédagogie actives.
- Bonne compréhension du secteur de la santé, notamment de la santé communautaire, de l’empowerment des usager·e·s et de la mobilisation de la société civile.
- Des connaissances en santé sexuelle et reproductive et violences basées sur le genre seraient un atout.
- Expérience préalable en Afrique de l’Ouest requise ; une expérience préalable en Guinée sera un atout.
- Flexibilité et volonté de prendre en compte les commentaires et les réactions afin d’améliorer les résultats attendus.
- Rigueur, sens de l’organisation et capacité à respecter les délais.
- Capacité d’écoute et esprit d’équipe.
- Une excellente maîtrise du français est requise.
5.2 Soumission des offres
Les candidat·e·s intéressé·e·s doivent soumettre un dossier contenant les éléments obligatoires suivants :
Une offre technique contenant :
- Le CV détaillé de l’expert·e ou du groupe d’expert·e·s chargé de réaliser la consultance.
- Des références pertinentes ou tout travail antérieur pouvant attester de l’expertise et mettre en évidence les points forts de l’expert·e ou du groupe d’expert·e·s.
- Une proposition technique (8 pages maximum), démontrant/incluant les éléments suivants :
- Une bonne compréhension des termes de référence
- Une proposition méthodologique pour la réalisation de la consultance
- Une proposition de calendrier/plan de travail pour la mission
- Tout élément jugé utile par le(s) consultant-e-s pour éclairer le choix de Solthis.
Une offre financière comprenant :
- Le devis complet de la consultance en euros, toutes taxes comprises y compris la TVA, reflétant toutes les phases de la consultance et tous les frais liés à la mission.
5.3 Processus de soummission
La date limite pour la soumission des offres est le 22 mai 2022 à minuit UTC.
Le dossier de soumission doit inclure toutes les informations spécifiées dans les présents termes de référence et être envoyé en format PDF aux adresses électroniques suivantes : [email protected] et [email protected] avec la mention dans l’objet « Candidature pour la formation en plaidoyer ».
Une candidature incomplète ne sera pas considérée comme éligible et sera donc rejetée par le comité de sélection.
6 Selection
6.1 Critères
Les propositions reçues seront évaluées par le comité de sélection interne sur la base des critères suivants :
- Qualité et clarté de l’offre technique
- Qualité et rapport qualité/prix de l’offre financière
La grille d’analyse suivante sera utilisée par au moins 2 évaluateurs :
Critères objectifs | Echelle de notation | Commentaires | Note | Total |
Expérience et compétences | 50 | 0 | ||
Expérience du/de la consultant·e en lien avec la commande | 35 | 0 | ||
Parcours académique en lien avec la commande | 15 | 0 | ||
Méthodologie proposée / chronogramme | 30 | 0 | ||
Cohérence de la proposition technique par rapport à la commande (calendrier/plan de travail, approche méthodologique, compréhension des termes de référence). | 20 | 0 | ||
Inclusion des livrables attendus de manière appropriée | 10 | 0 | ||
Offre financière | 20 | 0 | ||
Offre financière détaillée et compétitive | 20 | 0 | ||
TOTAL | 100 | 0 |
6.2 Procédure
- Date limite de soumission: 22 mai 2022
- Notification de la sélection finale : 27 mai 2022
- Démarrage de la consultance : 6juin 2022
- Deadline pour soumission du rapport final : 18 juin 2022
7 ANNEXE
7.1 Contexte du projet
En République de Guinée, la prévalence du VIH/Sida est de 1,4%[1], ce qui représente environ 120 000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Cette prévalence est plus élevée chez les femmes (2.1%) que chez les hommes (1.2%). Au sein de la population jeune âgée de 15 à 24 ans, le pourcentage de jeunes ayant des connaissances en matière de prévention du VIH est faible, plus particulièrement chez les jeunes filles (15,2% des jeunes filles ont des connaissances en matière de prévention du VIH contre 33,8% des jeunes garçons) alors même que, selon le rapport de l’ONUSIDA[2], les adolescentes de 15 à 19 ans d’Afrique subsaharienne représentent les 2/3 des nouvelles infections au VIH.
Par ailleurs, l’accès des jeunes femmes aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) reste limité en raison de certaines barrières, telles que le mariage précoce, le faible statut socioéconomique, le faible niveau d’éducation et d’alphabétisation, ainsi que le faible accès aux soins de santé. Ces facteurs influent sur la vie des femmes et des filles qui, à leur tour, ne peuvent pas jouir de leurs droits à l’éducation, à la santé et au travail en raison du manque d’informations et de services qui leur permettent de faire leur choix notamment en matière de contraception. Ainsi, près d’un tiers des adolescentes de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde[3], une femme sur 5 (21,1%) était mariée ou en union avant l’âge de 15 ans, et plus d’une sur deux (54,6%) l’était avant l’âge de 18 ans. A l’inverse, la contraception est encore faible, avec seulement 7,8% d’utilisation des moyens de contraception moderne au sein de la population générale (5,7% des adolescents de 15 à 19 ans et 7,5% des jeunes de 20 à 24 ans)[4] et 28% de besoins non satisfaits.
Si les questions de contraception sont centrales en matière de santé sexuelle et reproductive, elles n’en sont pas moins articulées avec la question des droits et des inégalités. En particulier, les inégalités de genre[5] et les violences basées sur le genre sont un facteur déterminant entravant le respect des droits des jeunes femmes en matière de santé sexuelle et reproductive et plus largement leur participation effective au développement de leur pays. La prévalence des mutilations sexuelles féminines (MSF)/excisions avoisine les 97%[6] (parmi les femmes de 15-49 ans). Plus largement, 92% des femmes âgées de 15 à 49 ans sont victimes de violences[7] avec des variations régionales[8].
A l’échelle nationale, la SSR est une priorité du PNDS 2014-2025, et il existe un cadre politique ambitieux en matière de planification familiale (à travers notamment le Plan d’action national de repositionnement de la planification familiale 2014-2018, prolongé pour la période 2019-2023 ou l’adhésion de la Guinée à la Stratégie mondiale 2.0 pour la santé des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents 2016-2030) et de prévention des violences basées sur le genre (à travers la politique nationale genre de 2011). Le présent projet s’inscrit dans deux des 5 axes stratégiques du plan national de PF 2019-2023 : la création de la demande et l’appui aux politiques et environnement habilitant.
Le cadre législatif et réglementaire s’avère également plutôt favorable. A titre d’exemple, la loi L010/AN/2000 portant sur la SR donne le droit à l’information, l’éducation et l’accès aux soins et services SR/PF autorise deux types d’avortements (avortement médical et grossesse incestueuse). Néanmoins, ce cadre juridique est souvent inabouti, comme le code de la famille interdisant toutes les formes de violences (domestiques, conjugales, sexuelles…) qui n’a toujours pas été transmis à l’analyse de l’Assemblée Nationale. Ces aspects sont cependant pris en compte dans le code civil daté du 04 Juillet 2019.
La Guinée à travers sa politique Nationale Genre, entend également améliorer la prise en compte du genre dans la lutte contre le VIH/SIDA et mettre en place un cadre juridique favorable à la lutte contre toutes les formes de VBG à travers des axes stratégiques visant au respect des droits humains fondamentaux (des petites filles notamment), et à l’élimination totale des violences et de la traite des personnes. Le code pénal guinéen 2016, même s’il ne condamne pas directement les violences conjugales, condamne les violences à titre général (meurtre, viol, coups et blessures, attentat à la pudeur, menaces) et il est théoriquement possible pour une épouse violentée de poursuivre son conjoint selon ces points juridiques précis. Concernant les MSF, le code de l’enfant guinéen (art. 407, 408, 409) stipule que de lourdes amendes et des peines d’emprisonnement sont prévues pour celles et ceux qui les pratiquent, mais cela reste théorique et peu appliqué.
Cependant, l’accès aux droits est différencié selon les populations et les minorités sexuelles qui font elles aussi face à des problématiques d’accès à des services de santé sexuelle et reproductive adaptées, et sont discriminées par le cadre législatif existant. Ainsi, si le PANRPF entend intégrer la PF aux programmes VIH chez les PVVIH, les minorités sexuelles restent quant à elles sans recours face aux coutumes et à la loi : en effet, le nouveau code pénal guinéen de 2016, tout comme l’ancien de 1998, condamne à une peine d’emprisonnement et à une amende les actes impudiques ou contre nature commis avec un individu du même sexe. Il n’existe par ailleurs aucune loi qui protège ou défend les droits des personnes homosexuelles.
[1] Rapport ONUSIDA, 2018
[2] Un long chemin reste à parcourir, rapport ONUSIDA, juillet 2018
[3] MICS 2016 – 30,7 % des adolescentes 15-19 ans ont déjà commencé leur vie féconde
[4] MICS 2016
[5] Avec un indice de genre de 0.4393[5], la Guinée se trouve parmi les 8 pays ayant les plus grandes disparités entre les femmes et les hommes dans l’espace non-OCDE
[6] FNUAP/UNICEF, 2016
[7] Rapport national sur l’élimination et la prévention des violences à l’égard des femmes/filles (2013)
[8] 88 % de femmes en Guinée Forestière ; 64 % de femmes en Basse Guinée ; 57 % de femmes à Conakry ; 54 % de femmes en Moyenne Guinée ; 51 % de femmes en Haute Guinée